"Ce ne pouvait être moi que l'on klaxonnait à une heure si tardive. Malgré toutes les précautions que j'avais prises afin d'être méconnaissable, je ne parvenais pas à m'empêcher de jeter de furtifs regards derrière mon épaule gauche ; la droite étant surmontée d'un gigantesque baluchon où gigotaient de précieuses bribes de vie. Non pas que j’eus réellement peur que quelqu'un rue la Roquette m'ait entendu faire grincer notre portail centenaire et soit à mes trousses, c'était peut-être justement ce plaisir de ne voir que des visages inconnus , à contre jour derrière les phares aveuglants de leurs trajectoires nocturnes. Ainsi errais-je sur les trottoirs, laissant lascivement traîner mes semelles contre l'asphalte, bien que sachant exactement où me rendre. Je savourais à ma manière la douceur de cette brise nocturne particulière aux mois estivaux, cette brise qui vous chuchote que les étoiles sont à portée de main. Cette nuit était la mienne, je me devais d'en retenir chaque détail. Tels furent mes premiers pas dans la vie dont chacun se prive par peur de l'inconnu."
Escapade
- par Isma