Au desert de l'Esprit
" Un nuage de fuméee s'échappe."
Je saisis chacun des objets qui risqueraient de me servir avec la frénésie d'un naufragé qui se noie. Pull, brosse à dent, chaussettes, ça paraît comique, mais c'est pourtant réel. Malgré tout, je ne me noierais pas. J'ai la gorge sèche de quelqu'un qui a trop fumé, et les doigts crispés de quelqu'un de résigné.
Pendant que je faisais mon sac, agenouillé sur lee parquet poussiéreux de ma chambre, c'est à peine si j'avais eu de l'eau dans les poumons. La sensation de noyade, tout ça, c'est dans la tête.
L'après-midi expulse son dernier souffle, mon sac et prêt, mes bottes enfilées, le ciel brûle, presque autant que mes poumons sous cet air chaud et ce soleil attendris par les grelottements que l'hivver nous a donné.
Je crois qu'en ouvrant ma porte d'entrée, -une porte merdique si on peut dire, en bois, décrépite et à l'horrible peinture blanche qui s'écaille- et en allant marcher sur les routes qui me seront présentées, oui, je crois bien que je pourrais retrouver mon souffle..
Je bouge, voilà , je suis dehors! Du fin fond de mon cerveaux, alors que sous mes yeux les rues chaudes se dévoilent, j'ai l'impression de jouer au flipper avec mes sensations.
"Il faut trouver de quoi vivre! Quelle direction prendre? Merde, je n'ai pas de carte! Où est ce que je pourrais dormir ? Serais-je seul?!" Tant de question, primordiale et évocatrices, qui, en s'abbatant sur moi, me jettent en plein dans la réalité d'une vie que je voulais du plus profond de mon âme. C'est comme le plaisir brûlant qu'ont les méhariste à parcourir le désert des jours durant, proches du ciel et proche d'eux même, avec comme seule règle celle de vivre.
Mes bottes claquent sur le pavé ombragé par les maisons qui se dressent, se plient sous le mouvement de mes pieds. L'air vibre dans ma tête, tandis que je verrouille la porte, qui, je le sais bien en regardant son état, n'aura aucun mal à être forcée. D'un mouvement brusque, je jette les clés, le plus loin possible, par dessus les toits dubatifs. Je ne reviendrais plus, et c'est peut-être par orgeuil, mais en partant à gauche - le côté du coeur - je me sentais fier, pas encore un Homme, mais prêt à parcourir, éternellement s'il le fallait, le desert arride mais plein d'oasis que mon esprit troublé était, et, par dessus cela, le monde était comme à moi.
par Mr. Kanard