Folie Cavalière
par Mr. Kanard
On était deux p'tits êtres qui s'avançaient sous les lumières nuptiales. Réno tenait sa main droite dans la poche de sa veste, bien rembourrée pour affronter le froid qu'imposait l'heure : 00h43. La fumette nous avait motivé, on s'élançait d'un bon pas, évitant de penser à toute cette distance pour rentrer. Folie de la jeunesse, ou jeunesse de la Folie, les conducteurs devaient s'étonner de voir marcher sur le bord d cette route limitée à 110 ces deux jeunes gens, riant et frémissant à l'idée de rejoindre leurs bande de joyeux lurons.
-Viens, on traverse ! Je lui dit, et sans qu'il ai le temps de répondre, on s'élançait pour se mettre du côté des grands entrepôts, afin d'être plus tranquille dans notre traversée.
- Mec, on doit faire attention quand même, que les flics nous tombent pas dessus... Avec ce qu'on as, y a de quoi prendre cher ! dit Réno, d'un air mi-enjoué, mi-inquiété. Dans tous les cas, si il nous arrive une merde, je jette le truc et on cours.
-T'inquiète pas ! Surtout qu'avec nos dégaines, on est un peu du genre flag.
Pendant qu'on avançait, la route suivant son cours à 15 mètres de nous, le calme de la nuit me fit dire :
-On est bien quand même là, non ?
D'un air penseur, puis un sourire s'illuminant par les lampadaires, il répondit que oui. C'est vrai, on était à découvert, on avec 35 grammes sur nous, on se sentait un peu hors-là-loi, et ce genre de longues marche nocturnes, ça donne de la suite au rêves, ça donne envie d'aller voir plus loin, de s'émerveiller avec un verre à la main et ses amis, de partir à droite et à gauche. De défrayer la chronique des Fous qui ont marchés sur Terre, fous par des choses simples. Ce n'était pas la course à qui serait le plus riche, non, c'était beaucoup plus : c'était ce qu'on pourrait apprendre et voir le plus.
Comme pour confirmer ça, d'une certaine manière, on s'y attendait, un détour et on se trouvait nez à nez avec l'ombre d'une voiture, qui avait sournoisement laisser échapper un rayon de gyrophare bleu.
- Merde... C'était obligé ça...
On stoppa net, toisant cette voiture, ni fier, ni peureux, puis les trois hommes qui émergèrent un à un de leur véhicule. C'était un affrontement entre le chat et la souris. Une lampe qui s'allume, braquage en plein dans les yeux, phrase culte caricaturée par une voix type de marseillais, on aurait presque éclaté de rire. Je jetais un coup d'oeil à mon compagnon de route, qui semblait penser comme moi.
- Bonsoir messieurs. On va procéder à un contrôle de routine...
Puis, ayant du voir mes yeux qui présentait les symptômes d'une consommation de cannabis, en gros, les yeux éclatés, il me posa la question qu'on n'imaginait que dans les films, la lampes dirigée sur mes yeux devant les faire se rétracter. C'est beau un œil, clairs ou foncés, des sillons ressemblant à des falaises, une rétine s'agrandit ou se rétrécit, comme un cœur qui bat. Mais dîtes ça à un gendarme.
- Avez vous consommez quelque substance ? Ça y est, il commence
- Heu.. Oui, un peu avant de venir.
- Et vous faites quoi ici ?
- On se promenait.
Et d'un battement de cœur, d'un rejet par le cerveau, comme si on avait des turbines à la place, l'adrénaline parcourut notre corps, et Réno de dire « D'ailleurs, on vous laisse ! » Et c'était tout. On partit en courant, le plus vite possible, même Hussein Bolt aurait peut-être eut du mal à nous égaler. Enfin, c'était juste pour l'image que je disais ça... En tout cas, les quelques secondes de choc qu'on avait causé nous avaient permis de sauter le grillage de l'entrepôt, ce qui nous fit arriver directement sur la grande route. Lancé, d'un simple coup d'oeil, et d'un éclat semblable à du verre, on fonça sur la route, la traversant le plus vite possible. On courait vers la Liberté. Littéralement.
- Allez mec ! On les a presque semé ! Et après on se barre en Alaska !
Ses éclats de rires entrecoupés de son essoufflement lui donnait un air d'échappé d'asile. On s'échapper d'un monde de fous pour en rejoindre un autre. Le notre.
Un coup d'oeil en arrière, on avait traversé un champs et on se retrouvait dans une rue, calme et silencieuse, que notre présence venait troubler. Je me retournais et je ne trouvais plus Réno.
-Mec ! Tu es où ?! L'appelais-je, chuchotant et criant en même temps.
Un crissement de pneu me fit tourner la tête, et je le vis se ramener fièrement sur un vélo blanc, il me lança un clin d'oeil et m'invita à monter sur ce destrier venu de nulle part. Enfin plutôt d'un des jardins des alentours. Mais ici, c'était nulle part pour nous.
- T'en fais pas, je le ramènerais en bon état, promis !
La nuit nous engloutis, d'un air joyeux, pédalant chacun notre tour, l'ivresse de l'adrénaline nous complétait, un puzzle uniforme que personne ne pouvait défaire, à part le Temps, si on le laissait faire.