Le Vieux et la Lune
par Mr. Kanard
Ce fût un drôle de spectacle que les voyageurs en voiture avaient sous leusr yeux, le genre qu'on n'imagine même pas voir un jour et qu'on s'empresse de raconter aux autres quand on l'a sous les yeux, avec ce vieux qui avançaient péniblement, poussant un chariot de centre commercial, rempli d'objets en métal, du genre fusibles, câbles, plaques de tôle, et j'en passe... Le pire, c'est que malgré le fait qu'il ai l'air de galérer, son visage restait inexpressif, son regard bleu délavé convergeait vers les montagnes, point culminant de la vallée, allant se perdre dans la forêt qui était la carapace de se mont, et lieu de repaire pour lui. Son nom avait était effacé par les années à vagabonder, à changer de papiers et de nationalité, il était le grand-père que n'importe quel gamin aurait pu avoir, et en même temps, le clochard qu'on pouvait rencontrer au tournant d'une rue bondées d'un centre ville.
La route n'en finissait pas, et lui même se demandait comment il faisait pour être encore en vie.
Grommelant à l'encontre des voitures qui s'approchaient trop de son espace vital, il s'arrêta pour faire une pause. Fouillant dans sa veste, d'un marron brun usé, râpée au niveau du bas et lui faisant comme une sorte de fourrure, qu'il portait en tout temps, il sortit une flasque en verre, transparente, tout comme le liquide qui y reposait. S'en offrant une rasade qui traversa son œsophage à la manière d'un TGV en feu, il s'essuya avec la manche les lèvres et repartit, portant cette fois sur son visage un air un peu grincheux.
Personne ne savait vraiment où il vivait, car il n'habitait en fait que dans une vieille cabane au beau milieu d'une forêt. Nul chemins n'y allaient, et seul lui savait s'y repérer, grâce à ses années passées à errer dans les bois et à faire des allers retours chargés de ses affaires. Car comme il n'y avait pas de sentier, il était obligé d'arrêter son chariot dans un coin : toujours le même, au pied d'un séquoia d'une vingtaines de mètres, et de tout transporter à l'aide de ses bras. Il arqua les jambe, un moteur devant peser douze kilos sur les bras, et entreprit d'avancer sans se prendre les pieds dans les racines ou les branches basses. Après 10 minutes de marche, essoufflé, il déboucha dans la clairière qui abritait son domaine. Au sol se trouvaient des petites montagnes de ferrailles et de câbles. Au centre dominait une petite cabane de bois, ni abîmée, ni neuve, un habitat rustique contenant seulement le strict minimum. Il déposa le moteur, et regarda autour de lui, jaugeant ces tours qui traduisaient des années de recherches, tel une fourmi ouvrière, s'attelant chaque jours à mettre en réserve. Pour quoi faire au juste ?
S'accordant une pause, il entra dans sa cabane, la porte s'ouvrait sans problèmes, aucuns verrous n'y étaient installés. Malgré les rideaux vert que les arbres faisaient, bloquant une grande partie du Soleil, la pièce semblait lumineuse. Et les murs aux dessus de son lit étaient tapissés de feuilles blanches et jaunies. Le lit défait était la seule trace de négligence, l'accord entre lui même qu'il s'était accordé sur le rythme de vie irrégulier et effréné qu'il s'imposait. S'approchant du fameux mur, il caressa d'un doigt ce qui ressemblait à des plans. Des plans plein de folie et de luminosité ! Enlevant sa veste, le vieillard fut pris d'un sourire soudain. Un sourire qui vint éclairer encore plus cette minuscule bâtisse d'une pièce, meublée d'une table, d'un lavabo, d'un lit et de quelques étagères, antre d'un des rêves les plus fous qu'un homme ait porté en son cœur. Car ces plans et ces réserves faisaient parti d'un projet immense, qu'il avait dessiné depuis des années : celui de construire sa propre fusée et de partir sur la Lune.