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Partons la Nuit

"Affalés dans le canapé, il était 22 heures et quelques, et plus rien à fumer. L'envie de chasser cette humeur soporifique qui planait dans la pièce, cette lourdeur pesante que l'ennui et la flemme apportait pour la soirée. Ju se pencha vers la table basse, pour voir si entre les 10 minutes précédentes et maintenant, le paquet de tabac ne s'était pas rempli, par un quelconque coup de bol. Mais non, malheureusement, des paquets qui se remplissent par magie, ça existe pas. La pièce était entretenue de la façon la plus fonctionnelle qu'il soit, et la télé servait sur un plateau artificielle des distraction vraiment... Nulle.

 

- Mais putain, comment on peut te présenter un truc comme ça ? Comment on peut-être addict à ces émissions fausses et trafiquées, en plus fait chier, y a plus de tabac ! Elle jeta le paquet, et se leva. Bon les gars, on bouge au bureau de tabac ! On pars, mettez vos chaussures, vos manteaux, on bouge !

 

Et dix minutes après, on était dehors, entrain de fermer la porte à clé, et d'un bon pas, motivés par l'annonce d'une promenade imprévue, nous partîmes au rythme de nôtre cœur battant comme les tambourins d'une troupe céleste. Le vent soufflait, à chaque pas, c'était comme si des crochets invisibles venant de devant nous attrapaient les bras et les jambes pour nous empêcher le passage. Mais c'était une sorte de jeux, avancer malgré tout, prendre son envol sur ce long chemin éclairé seulement par les phares de quelques voitures et les lampadaires. L'endroit était comparable à une piste de vol, on prenait nôtre élan sur la ligne droite pour partir en flèche, direction l'infini, nos rires mêlés aux chant du vent. La route était assez longue, et c'est au bout d'une demie heure de marche, ponctuée de la bonne humeur, des anecdotes et des histoires que chacun (on était trois) avions à raconter, que le décor rural disparût sous la lumière comme les ténèbres dans une chambre close de toute part, et qu'on y ouvre les volets d'un seul coup. Je les avais rencontrés à un arrêt de bus, et on étais partis ensemble pour la soirée.

Quitte à être taré (c'était le cas, nos propos n'étais que des pépites de folie) autant l'être avec des gens qui le sont aussi. Évidemment, tout notre corps était couvert, sauf les pieds, nus, dans un doux retour aux sources, pas de chaussures, chères, polluantes, atrocement civilisées et inutile au fond. C'est solide un corps, il faut juste lui donner l'envie. Le buraliste était un motivé, comme nous : il restait ouvert toute la nuit, H24, se relayant avec des amis ou les membres de sa famille. Le néon jaune des voyait à des kilomètres, petit commerce, mais qui devait être un des plus florissant de la ville. Ce fut une femme qui nous servit, l'air un peu fatiguée, on lui aurait bien proposé de partir en vadrouille avec nous, mais certains on des obligations.. Une fois dehors, Dela, assez grande brune, dépareillée dans ses vêtements, me regarda. Elle faisait rire, et on devait avoir belle gueule fringués comme ça ! Elle avait un bonne péruvien jaune, une chemise de bûcheron bleue et un jean troué. Pieds nus, comme je l'ai dit. Et avec un gros sourire dis :
- Montre nous les beaux endroits de la ville. On fumeras là-bas !
- D'accord, vous êtes motivés ? J'ai un endroit qui sera parfait... 

20 minutes après, transis par le froid, mais le cÅ“ur chaud, bouillonnant de la clarté de la lune, qui se reflétait dans la rivière qui traversais la ville au milieux. Vous imaginez si les ponts se détruisaient ? Le centre ville serait séparé en deux, petite frontière mais infranchissable. On était assis, sur une plate-forme en planches, les jambes pendantes dans le vide, c'était incroyable. Pour beaucoup cela semblait rien, mais les palpitations de notre cÅ“ur prouvaient le contraire. On était des êtres dans leur domaines, dans l'essence du Monde. Après tout, avant, la lumière n'existait pas. Nous étions de petits monstres, né dans un mélange d'obscurités et de lumières. Des obscurités oui, car il y en a différentes nuances, comme pour les couleurs. Le noir obscur et infini, l'ombre, crée à partir de la lumière en fin de compte, le crépuscule, avec le soleil comme veilleuse pour les enfants effrayé de voir partir la luminosité.

On était jeune, et on était bien. L'histoire d'une nuit, nous marquions le pas, créions des paroles, des histoires à la mesure du vent, folles et virevoltantes, et ce fut dans un nuage de fumée, sous l'effet de la joie, de ce calumet partagé dans les conditions adéquates, qui s’immisçait dans mes poumons, qui caressait les parois de façon espiègle, qui picotait ma gorge et repartit en une fumée, fumée de la détonation de mon cerveau, de la liberté acquise par la marche et le ciel, que je fermais les yeux, bercé par le bruissant cheminement de l'eau dans son lit. [...]"

par Mr. Kanard

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