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Pause

« C'était la folie. Folie douce, sinueuse sur ma peau, comme l'air chaud et moite de la plage, le ciel se confondait entre le gris et le bleu, accoudé au balcon, dans la maison, le bruit des rires rendaient à cette plage vide un éclat de beauté. Le soleil était coupé par un nuage, preuve que même lui n'est pas tout puissant. Les éclats de voix et de conversations s'ancraient au plus profond de moi, je voulais que ce jour ne s'arrête pas. L'ambiance chaude et calme de l'été, les amis, les vagues.. Je rentrais dans le petit salon, c'était une petite baraque de pêcheur, rénovée par nos soins, on s'était efforcée de mêler nos esprits à cette case qui symbolisait un début de liberté. On était une vingtaine dedans, à préparer le repas, faire de la musique, discuter, le temps semblait nous accorder le bénéfice de passer lentement, pour mieux nous surprendre plus tard. Comme je disais, le ciel était étrange, quelqu'un aurais appuyé sur pause que tout aurait semblé pareil. Danny et Camille passèrent devant moi, courant jusqu'à l'eau, partant s'immerger dans le bonheur, fidèle à notre vie style «on s'en fout de tout, on aime tout le monde, venez courir avec nous ! Â», laissant l'empreinte de leur corps sur le sable, marquant un chemin de leur pas, que le vent s'emploierait à effacer. Je réalisais à quel point tout était éphémère, et en fait, éternel, unique. Les vagues, elles se jetaient ici, puis mourraient. Nous on faisaient la fête ici, on riaient, on s'aimait, on mêlait nos corps et nos voix sur cette étendue désertique, et dans nos têtes résonnaient une musique que nous ne voudrions jamais laisser s'éteindre, et puis on partirait un jour. C'était ça qui était beau, on rendait les choses importantes parce qu'elles pouvaient partir à tout moment, alors quitte à ce qu'elles s'échappent, autant en profiter jusqu'au bout. Comme ce dernier jour de l'été, autant en profiter jusqu'à la fin de la nuit, sous le regard des étoiles dispersées jusqu'à l'aurore, car il nous faudrait partir. Toute la magie était là, se battre pour rendre des choses immortelles, bien après nous, car l'Océan nous verrait passer, et j'espère qu'il n'oublierais pas ces gens qui aimaient la vie et ceux qui la parcourait, tout simplement, parce que quand demain nous partirions, moi je ne l'oublierais pas cet endroit. Â»

 

par Mr. Kanard

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