Petit Navire
"En fin de compte, je suis un navire dans l'Océan tu vois, une épave, sans réelle voile. Je flotte sur l'eau comme les oiseaux se maintiennent dans les airs. Je vois le Soleil passer comme on voit un ami tous les jours, je vois aussi la Lune, plus rare que le Soleil, telle une amante et j'ai tout mon temps pour voir les étoiles quand elles sont visibles.
Le problème, c'est que sans voiles je n'étais qu'un être statique. Affligé par tout, émerveillé par le reste, je tenais malgré les tempêtes. J'étais dans la mer comme un touareg l'est dans le désert. Ses dunes sont mes vagues. Et c'est dur de retisser les voiles quand on essuie en même temps les tempêtes ! Le truc, c'est de partir avec l'idée que rien n'est dur. Je me droguais à l'optimisme, sans perdre foi et m'activais chaque jours à surmonter ce qui venait m'entraver. Tu vois, comme les vagues, violentes et déchaînées, il faut les prendre comme si elles n'étaient que des vaguelettes. C'est cette forme de pensée qui m'a permit de tenir en pleine mer. J'étais perdu dans tous les sens du terme, sur mon navire et dans mon esprit, mais les vagues qui me faisaient bouger m'apportaient aussi un certain réconfort.
Le ballottement de l'eau, comme des caresses, des caresses d'amour et de pensées, un flux d'émotions passant par tout les pôles, une choses miraculeuses sans nom, que je voyais dans la mer comme dans le ciel, reflet ou réalité, comme une étoile, morte ou vivante? Et quand les voiles furent terminées, après des mois et des mois d'errance en compagnie de la solitude et de l'Espace sous vision panoramique, sans avoir mis pieds à terre. Je pus reprendre ma route, manier ma direction plus aisément qu'avec le mental. La plupart du temps, les bateaux sont crées pour faire une liaison, terre et mer. Aller sentir les forêts, les montagnes et le plaisir de marcher dans le monde sur le sol, faire rentrer l'air salé dans ses poumons et le vent sur son visage en pleine mer, vent qui fait fermer les yeux comme une femme t'abaisserai les paupières, histoire de te faire voir les choses avec la seule grâce de ton cœur."
par Mr. Kanard